Introduction
La musique est présente sur tous les continents et est pratiquée par tous les peuples depuis la nuit des temps. Elle sert à communiquer, à dialoguer, à fêter. Elle est présente pour tous les moments importants de la vie et de la société : naissance, rite de passage, mariage, mort, etc.
C’est un art oral, il se transmet, comme pour la conception des instruments, de génération en génération.
La Mésopotamie
Dans la Syrie actuelle, ont été retrouvées des archives inscrites sur des tablettes d’argile datant de 1800 avant notre ère, l’époque de la Mésopotamie ancienne, comportant des chants, notamment celle de l’hymne à Nikkal, avec des indications musicales. Le musicologue franco-britannique Richard Dumbrill a retranscrit cet hymne, qui a été interprété par quelques musiciens et chanteurs. Un hymne qui date donc, de plus de 3 000 ans !
La Grèce antique
Des notations musicales, datant de la Grèce antique, ont, également, été découvertes dans la Grèce actuelle, inscrites sur des papyrus, sur des murs ou des colonnes, elles avaient probablement pour fonction d’inscrire dans la postérité tous les chants de cette époque, car ces partitions étaient trop complexes pour pouvoir les lire à vue, elles contenaient des notations pour la musique vocale, pour la musique instrumentale et pour indiquer le rythme. Il y a notamment, l’épitaphe de Seikilos ou chanson de Tralles, qui date du deuxième siècle avant notre ère, il y a plus de 2000 ans, retranscrit par l’archéologue et helléniste Théodore Reinach et interprété depuis par des musiciens.
Plus tard, en Occident, un système d’écriture, a été élaborer, comme moyen de transmission et de sauvegarde. Vers 800 ans, les moines copistes indiquent les premiers signes d’une notation musicale de notre ère. C’est vers l’an 1000, qu’on attribue au moine Guido D’Arezzo l’invention des portés et des noms des notes.
Les différents systèmes musicaux
Les instruments traditionnels impliquent la facture instrumentale occidentale et celle du monde entier.
Les instruments de musique occidentale reposent essentiellement sur le système tonal, il est basé sur la tonique, le premier degré d’une tonalité.
Dans les autres parties du monde, le système musicale dominant peut être différent, système microtonal en Inde qui est basé sur les micro-intervalles, pentatonique en Chine qui est basé sur une échelle de 5 notes, polyrhythmique en Afrique qui est une superposition de plusieurs rythmes, système des maqams dans les pays arabes basé sur le système modale, etc.
Ces différents systèmes, offrent une très riche palette de sonorités pas toujours connues. Ils racontent l’histoire, la culture, les traditions des différents peuples.
Un peu d’histoire
La voix et les mains
Les premiers instruments de musique acoustique remontent à des dizaines de milliers d’années, ce sont des sifflets et des flûtes en os, des tambours en céramique, fabriqués avec des matériaux rudimentaires. Nous somme-là en présence des premières traces d’expression artistique humaine.
Avant cela, ils utilisaient, leur voix (on le sait grâce à l’étude du système anatomique du larynx de nos ancêtres) et leur propre corps (en tapant des mains, des pieds, sur leur torse), ou en tapant des objets les uns contre les autres (bouts de bois, pierres, etc.) ou encore, en frappant leurs mains à la surface de l’eau. C’est en étudiant les peuplades d’aujourd’hui, vivant à l’écart de la vie moderne, qu’on peut extrapoler sur toutes ces dernières pratiques.
La musique acoustique est dû à des gestes corporels et aux chants.
Les premiers instruments
Dans la période de la préhistoire, au paléolithique supérieur, une flûte, ou peut être un instrument à anche de style clarinette, de 22 cm, comportant cinq trous, dite « d’Hohle Fels » car elle a été trouvée dans la grotte, en Allemagne, portant le même nom, est fabriquée, à partir d’os de vautour, datant de plus ou moins 40 000 ans, ont également été trouvé, une flûte en ivoire de mammouth et une autre en os de cygne. Ce sont les instruments les plus anciens qui ont été trouvés à ce jour.
Toujours durant la préhistoire, au paléolithique supérieur, il y a l’utilisation du rhombe en os, longue pièce ovale, instrument à vent se servant du frottement de l’air pour produire du son. On peut faire varier sa hauteur et son intensité en changeant la vitesse de rotation. Il est utilisé comme une fronde. On le trouve encore chez les aborigènes d’Australie. Il y a aussi des hochets anthropomorphes en terre cuite.
Il y a, également, les racleurs, qui sont fabriqués à partir d’os ou de bois de cervidés, instruments à raclement, le son est produit par friction en frottant son bord.
Au néolithique, apparaissent, les trompes en céramique, les trompes en coquillage ou conques. Les tambours, hochets anthropomorphes et sifflets zoomorphes en céramique. Les sonnailles en coquillage, les arcs musicaux, etc.
Comme vous pouvez le constater, pour cette période, ce sont uniquement les découvertes réalisées dans des matériaux durables tels, l’os, le coquillage, le bois de cervidé ou la céramique, qui sont arrivés jusqu’à nous.
Les instruments en bronze
Durant la protohistoire, à l’âge du bronze, apparaissent les premiers instruments en cuivre comme les sonnailles ou les clochettes.
En Egypte antique, les musiciens et les musiciennes jouaient d’un grand nombre d’instruments fabriqués à partir de bois, de métal ou de pierre. Des instruments, à percussion, à corde et à vent : du tambour, du claquoir (planchettes entrechoquées), du sistre (sorte de hochet), de cymbales, de clochette et colliers musicaux, du baïnit (harpe), de la cithare (luth), de la lyre, de la flûte, de la trompette, du hautbois, de la clarinette, etc.
En Mésopotamie, il y a 5 000 ans, grâce aux œuvres peintes et sculptées, on sait, que les Mésopotamiens jouaient de la lyre, de la harpe, de la luth, du tambourin, du tambour, de la flûte, etc.
En antiquité grecque, ils jouaient de la lyre, de la cithare, de l’aulos (double bois), de la syrinx (flûte de pan), etc.
Beaucoup de tous ces instruments se retrouvent un peu partout à travers le monde, avec des formes, des fonctions, des styles musicaux, différents.
Concernant les cordophones à cordes pincées, leur origine remonte à la Grèce antique, avec la chelys (ancêtre de la lyre), la cithare et la pandura (ancêtre de la luth) et ont été introduits en Orient. Pour ce qui concerne les instruments à cordes à archet, leur origine est située dans les steppes d’Asie centrale, à l’époque des Mongols, il y a 700 ans, avec le Morin Khuur (sorte de vièle).
C’est via le commerce que ce type d’instrument se propage en Orient puis ensuite en Europe. Et ce sont les Européens qui les ont introduits en Océanie et en Amérique.

L’évolution des instruments de musique
De par les technologies, les techniques de jeu et les sociétés évolutives et variées, la fabrication et l’acoustique des instruments de musique n’ont cessé d’évoluer, et cela, de manière différente, partout dans le monde. Ces évolutions, ont vu l’arrivé de bons nombres de nouveaux instruments qui ont été inspirés par les instruments connus ou venus d’ailleurs.
L’arrivée de la lyre, de la luth, de la vièle et de la polyphonie en Occident, durant le moyen-âge, bouleverse les pratiques musicales européennes.
Des os, des cornes ou de la terre cuite des premiers instruments, la fabrication est passée par l’utilisation du cuivre offrant de toutes nouvelles perspectives acoustiques et de durabilité. L’artisanat a pu, également, profiter de nouvelles techniques de conception qui ont permis ces innovations.
Aujourd’hui, à côté des instruments fait à 100 % avec des matériaux naturels, existe des instruments qui combinent matériaux naturels, différents métaux et du nylon, changeant leur sonorité. Ce qui donne une autre dimension à la musique acoustique.
Les différents types d’instruments
Ils sont classés en quatre catégories :
– aérophones (instruments à vent)
Ils possèdent deux catégories.
– les instruments à vent en bois (khène, didjeridu)
– les instruments à vent en cuivre ou en laiton (saxophone, trompette)
C’est grâce à la vibration de l’air, à l’intérieur de l’instrument via son embouchure ou son bec, que le son est produit.
– cordophones (instruments à cordes)
Ils possèdent, également, deux catégories.
– les instruments à cordes pincées (luth, cithare)
– les instruments à cordes frottées (kyl kyyak)
Ici, c’est grâce à la vibration des cordes, que les ondes sonores sont produites.
– idiophones (instruments dont le son vient du corps même de l’instrument)
Ce sont des instruments à percussion qui produisent du son grâce à la frappe (balafon), la vibration (kong vong toch), l’agitation (sistre), la gratte (racleur), ou encore, la friction (livika).
– membranophones (instruments à membrane)
Ce sont des instruments à percussion, également, qui produisent du son grâce à la frappe ou le frottement d’une surface, qui peut être, une peau ou une membrane (tambour, binha).
Avant les instruments, il y a la voix et aussi le mirliton (altérateur vocal).
– Exemples d’aérophones à travers le monde
Dienguéla (arc musical avec caisse de résonance en calebasse), papo (clarinette idioglotte), guimbarde, alghaïta (hautbois conique), qeej et khène (orgues à bouche), trompes traversières en ivoire, didjeridu (cylindre de bois creux d’environ 2 m), le naainggol (cylindres en bois dans lesquels le musicien souffle par l’intermédiaire d’un tube de bambou), l’erke (trompe mesurant de 3 à 6 mètres de long), sheng (tuyaux en roseau ligaturés sur un tube à anche libre), etc.



– Exemples de cordophones à travers le monde
Jejilava (arcs avec caisse de résonance en noix de coco), kankarma et kawa (arcs en bouche), komus (luth à manche long), heike-biwa (luth à quatre cordes), krapeu ou takhé (cithare sur pieds), Valiha (cithare tubulaire en raphia à dix-sept cordes), kendé, mbi, bolon, korro, saung gauk (harpes arquées), kora (harpe), tar (luth), ghi-ta phim lom (guitare vietnamienne), ekonting (banjo à 3 cordes), kyl kyyak (instrument à deux cordes verticales et archet), etc.









– Exemples d’idiophone à travers le monde
Gurgur (sistre en noix de coco), cymbales en cuivre, Chuông gia tri (cloche sous forme de bol), kong vong toch (jeu circulaire de seize gongs), sanza (lamellophone), balafon (xylophone africain), le livika (instrument à friction), etc.



– Exemples de membranophones à travers le monde
Tabla (pair de tambours), skor thorn (tambour), katutenya (petit tambour tubulaire en peau de lézard), binha (timbale en calebasse), etc.

Quelques artistes de tout horizon
Boussa Baléri (alghaïta), Kinshi Tsuruta (satsuma-biwa), Sylvestre Randafison (valiha), Jalil Shahnaz (tar), Kashi Nath Mishra (tabla), Lalo Keba Dramé (kora), Eder Diedhiou (ekonting), Toktogul Satylganov (komuz), etc.
Les différentes fonctions
Partout dans le monde, la musique acoustique fait, indéniablement, partie du social, pour des célébrations de moments importants de la vie ; de la thérapie, pour les guérisons ; ou pour la transmission de la mémoire collective.
Sur certains continents, elle joue, également, un grand rôle au niveau rituel, pour communiquer avec les morts, entrer en transe et /ou au niveau spirituel pour communiquer avec le divin.
C’est également un langage à part entière, car dans de nombreux pays, pas en occident, le langage parlé est dit à tons, c’est-à-dire, que ce sont des langues qui tiennent compte de la position des syllabes les unes par rapport aux autres. La signification d’un mot peut changer selon qu’il est prononcé en commençant par un ton grave puis un ton aigu ou inversement, en commençant à prononcer, ce même mot, par un ton aigu suivit d’un ton grave.
Et c’est ce langage mélodique, qui est exploité dans le jeu instrumental. Les instruments sont, à la fois, utilisés pour faire de la musique, mais également pour parler. À partir des tons, hauts, intermédiaires, et bas, d’un instrument, il est possible de reproduire la mélodie d’une phrase parlée possédant ces mêmes tons.
Les différents contextes
Le travail
À travers le monde, la musique accompagne les travailleurs, les travailleuses durant leur labeur pour les soutenir, les encourager à l’accomplissement de leur tâche plus ou moins dure et épuisante. Il y a aussi, la célébration de celles et ceux, dont leur rôle est de nourrir la communauté, pour leur accomplissement fructueuse.
Célébrations
Que ce soit pour le passage vers l’âge adulte, pour célébrer l’union entre deux personnes, pour veiller à la bonne santé et à la prospérité de la communauté, pour fêter la récolte, une naissance, pour glorifier le divin, pour honorer un chef d’État, pour dire au revoir à un défunt, c’est toujours une occasion pour entonner des chants, faire entendre les instruments de musique et danser.
Berceuse
Les berceuses permettent à l’enfant de passer de l’état d’éveil à l’état de sommeil en douceur et sont la porte d’entrée vers le royaume des rêves.
Divertissement
Au théâtre, pour des lectures, des contes, la danse, le mime, l’événementiel, la musique est là pour souligner des moments particuliers, sous-tendre des non-dit ou exprimer d’autres émotions.
Voici un ouvrage sur le site de l’UNESCO de Charles Duvelle Si vous souhaitez en découvrir plus. « Aux sources des musiques du monde: musiques de tradition orale« |
Conclusion
À travers les siècles, à travers les continents, la musique est universelle.
Ce langage commun à tous les humains, nous rassemble, nous montre que nous sommes, à la fois, semblables et uniques. Que de tout temps nous avons déployé beaucoup de créativité pour pouvoir communiquer sur de vastes étendues, chasser les dangers, entrer en communion avec les esprits, célébrer la vie.
Ce que je retiens, à travers ce voyage de la musique acoustique : exploration des instruments traditionnels, c’est la capacité de l’humain à dépasser son propre langage, à entrer en communion avec sa communauté, à permettre à chaque individu d’y prendre sa place, via la musique, le chant et/ou la danse.
Si vous avez apprécié ce tour d’horizon, n’hésitez pas à me le dire en commentaire, ce sera un plaisir de vous lire.
Toute suggestion est la bienvenue, cela permettra à tout le monde d’en profiter et si vous avez des questions, posez-les-moi, j’y répondrai si cela correspond à mes connaissances.
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À bientôt !