Chapitre 1
La conception d’ambiance lumineuse dans la culture et l’événementiel est un processus qui demande une préparation rigoureuse. Voici la première étape de cette série de 9 articles.
1. Analyse du projet et définition des besoins
Il est important de comprendre le contexte général du projet.
a. L’objectif du projet
Exposition ? Spectacle ? Installation artistique ?
Que désirez-vous réaliser pour votre projet personnel ? Ou quel est le désir de votre client ?
Ces questions sont importantes pour que les décisions prises soient alignées avec le but final.
Exemples :
Pour une exposition, voici quelques questions à vous poser :
Quelles sont les œuvres présentées ? Pour mettre en valeur les détails, la texture, les couleurs.
Faites attention à utiliser des sources lumineuses à faible émission de chaleur et à spectre adapté pour préserver les œuvres sensibles. Prenez soin de respecter les seuils d’éclairement recommandés par le conservateur, notamment en intégrant des filtres UV (ultraviolet) et IR (infrarouge).
Quel type de surface possède chacune des œuvres ? Soit elle transmet, absorbe et/ou reflète (de manière diffuse ou directe) la lumière. Répondre à cette question permet de choisir l’angle d’éclairage et pour une réflexion directe, aussi, la taille de la source lumineuse.
À quoi ressemblent l’espace et la scénographie ? Pour savoir comment distribuer l’éclairage en travaillant avec l’ombre et la lumière. Et, également, pour connaître les possibilités d’utilisation d’effets lumineux comme une lumière tamisée, des couleurs d’ambiance, ou des gradations progressives.
Quelle est l’ambiance adaptée ? Pour choisir l’intensité (pour donner du relief), la température de couleur (en faisant attention à ne pas dénaturer l’œuvre) et la direction de la lumière pour renforcer le contexte artistique de l’exposition.
Comment orienter le regard du public ? Vous pouvez, diriger la lumière vers les points focaux et guider le parcours du visiteur à travers l’espace.
Quel type de projecteurs utiliser ? Choisissez en fonction de la nature des œuvres : grande ou petite source de lumière, spots réglables, projecteurs à LED (ils possèdent une faible émission UV/IR), lumières directionnelles et encastrées.
Quel type de contrôleur ? Un système d’éclairage avec variateur de lumière (dimmer), des capteurs ou des contrôleurs pour ajuster en temps réel l’ambiance selon l’heure ou l’afflux de visiteurs.
Pour un spectacle, voici quelques questions à vous poser :
Est-ce du théâtre, de la danse, du cirque ? Car les exigences artistiques sont différentes (créer une ambiance, souligner les personnages, mettre en valeur des mouvements, des formes, utiliser des effets dynamiques ou des jeux de couleurs, etc.).
Quelle est l’ambiance adaptée ? Sombre, lumineuse, onirique, dramatique, pour avoir une idée des couleurs, de l’intensité, des textures lumineuses (matière des objets, effets d’ombre, projection de motifs via des pochoirs, etc.) à utiliser.
Quel type de lampe utiliser ? Renseignez-vous sur l’équipement présent sur place, s’il y en a, pour connaître la/les technologie(s) que le lieu d’accueil utilise : incandescence, halogène et/ou LED. Les deux premières sont plus chaleureuses, mais plus gourmandes en énergie. La LED est moins chaleureuse, mais offre une consommation d’énergie très basse et est très flexible.
Quel type de projecteurs utiliser ? Selon le choix du projecteur, vous aurez une utilisation et des fonctionnalités différentes : PC (Plan Convexe), PAR (Parabolic Aluminized Reflector), découpe, poursuite, asservis (motorisés), etc.
Quel type de console lumière ? Suivant la taille du spectacle, vous n’utiliserez pas le même type de console : à préparation A/B, à mémoires, informatisée avec préréglages, virtuelle. Faite attention, car selon le type de console, vous ne pourrez pas faire la même chose ni utiliser le même types de projecteur, ni le même nombre, renseignez-vous bien sur le matériel présent sur place ou sur ce que possède la compagnie.
Quelle scénographie, quels costumes ? Il est important de communiquer avec le scénographe et le costumier, car la lumière interagit avec les éléments de décor et les vêtements (relief, matière, couleur).
Il est, également, important de savoir s’il y aura de la vidéo, fixe et/ou mobile. Ici aussi, la lumière interagit. Et s’il y aura de la musique avec laquelle la lumière devrait être synchrone.
Pour une installation, voici quelques questions à vous poser :
Quel type d’espace ? Pour valoriser les formes, les matériaux du lieu, mais aussi, le métamorphoser.
Quel genre de scénographie ? Pour valoriser chaque élément et la thématique conceptuelle de l’œuvre tout en créant une cohérence visuelle globale.
Est-ce interactif ? Si cela est le cas, il faut prévoir l’intégration de capteurs, des logiciels de reconnaissance de mouvement, de projecteurs dynamiques ou de technologies connectées.
Quel type de projecteurs utiliser ? Cela peut-être du LED ou des lasers (vérifiez la classe et les mesures de sécurité à prendre en conséquence).
Y a-t-il une programmation de jeux de lumière ? Pour accompagner la narration ou la progression dans l’installation.
Pour toutes ces différentes configurations, il est important que vous ayez connaissance de la longueur, de la largeur, de la hauteur de l’espace et de la superficie totale (en mètres carrés) pour déterminer la puissance nécessaire des projecteurs, la disposition, et la portée de l’éclairage.
b. Le client
Artistique ? Commercial ? Éducatif ? Institutionnel ?
Les exigences et le contexte diffèrent selon le client. Connaître ces derniers permet d’adapter le style de la vidéo, le ton et la démarche créative. Cela évite les malentendus et permet de présenter des idées qui résonnent avec lui.
Exemples :
Artistique : une installation destinée aux adultes :
Le but est de privilégier l’esthétique, la poésie visuelle, la narration par la lumière en mettant en valeur l’aspect créatif ou expérimental de l’installation.
Commercial : toujours pour une installation destinée aux adultes :
L’objectif est souvent d’optimiser la visibilité, d’attirer l’attention, de mettre en valeur un produit ou un espace pour encourager l’interaction ou l’achat.
c. Le public cible
Quel âge ? Quelles attentes ? Quels sont leurs intérêts ?
Répondre à ces questions va vous permettre de connaître le public cible et par là même, de choisir le lieu, le contenu, le style d’ambiance, etc.
Exemples :
Quel âge ?
Je reprends l’exemple de l’installation destinée aux adultes :
Le lieu : doit être facile d’accès avec des options de transport appropriées et des infrastructures adaptées (parkings, rampes d’accès, etc.) en tenant compte de leur mobilité. Présence d’espaces pour la restauration et des zones de détente. Il doit, également, respecter les normes en matière d’alcool.
Le contenu : peut-être complexe, sensible, sérieux, avec un vocabulaire approprié en abordant des sujets professionnels ou sociaux.
Le style d’ambiance : il est généralement sophistiqué, élégant ou discret. La lumière doit favoriser un environnement confortable et propice à la détente ou à la concentration en utilisant des couleurs sobres.
Quelles sont les attentes des adultes ?
Les adultes ayant de l’expérience et de la culture, aiment qu’on provoque chez eux une réflexion ou un changement. Ils apprécient qu’on favorise une connexion émotionnelle ou intellectuelle.
Quels sont leurs intérêts ?
Découvrir la mise en valeur du travail artistique qui souligne la créativité et la maîtrise technique de l’artiste ou du concepteur grâce à une utilisation, bien pensée, de la lumière. Éviter la fatigue oculaire ou l’inconfort.
d. Le budget disponible
Lorsque vous débutez dans la conception d’ambiance lumineuse, vous possédez, généralement, un simple ordinateur avec une version gratuite d’un logiciel de conception lumière, mais au fur et à mesure de votre expérience vous allez acquérir la version payante de ce logiciel, peut être aussi une console lumière et selon leur coût, l’amortissement sera plus ou moins élevé.
Pour des budgets différents, vous aurez donc le matériel adapté. Logiciel gratuit ou payant, utilisation ou non de votre console.
Le temps alloué à l’exécution de votre travail et l’œuvre que vous allez remettre auront, aussi, un impact par rapport au budget.
e. L’échéancier
Bien évidemment, il est important de connaître la ou les dates de l’événement pour respecter le calendrier et le temps qui vous est donné pour exécuter le travail.
Savoir également, si l’événement est ponctuel ou récurrent ? Vous pourriez devenir, si tel est votre souhait, le créateur lumière attitré.
f. Les contraintes techniques
Le choix des lampes, des projecteurs, de la présence d’une machine à brouillard, lourde ou à neige carbonique, etc., jouera sur la qualité du rendu final de la conception de l’ambiance lumineuse créée.
En anticipant les limitations techniques, vous pourrez mieux gérer votre planning et vos ressources, évitant ainsi des modifications tardives ou des re-travaux.
Vous devez, impérativement, vous renseigner sur le matériel et le logiciel présents dans le lieu. Si l’espace est équipé, n’hésitez pas à vous y rendre, pour avoir un aperçu de la portée de l’éclairage, des possibilités d’installation et de la compatibilité.
Cette première étape de la conception d’ambiance lumineuse permet de recueillir toutes les informations relatives au contexte spécifique de l’événement ou de la production culturelle, afin d’identifier clairement les besoins et de poser les bases d’une planification, de votre travail, efficace et adaptée.
Si vous avez apprécié cet article, n’hésitez pas à me le dire en commentaire, ce sera un plaisir de vous lire.
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